LES JEUNES ONT-ILS LES MOYENS DE VIVRE DANS LES VILLES CANADIENNES?

Indice d’accessibilité réelle 2022

27

Villes

54

Indicateurs

2414

Points de données

Dans les villes canadiennes, les jeunes vivent dans une situation de déficit mensuel, ce qui rend les centres urbains inabordables pour les générations futures du pays. En moyenne, les jeunes perdent 750 $ par mois en vivant dans les villes du pays. Pour parvenir au même niveau, les jeunes devraient s’isoler : aucun divertissement, aucun transport et aucun repas au restaurant. Est-ce la situation dans laquelle nous voulons que les jeunes se trouvent? Cette jeune génération comprend les gens âgés de 15 à 29 ans. On les considère souvent de façon binaire. Les jeunes sont soit considérés comme des acteurs du changement qui représentent le seul espoir de résoudre la crise climatique, soit comme la génération obsédée par TikTok qui dépense sans compter pour des cafés latté au lait d’avoine et des tartines à l’avocat. Après avoir examiné 27 villes, 54 mesures et 2 414 points de données dans le cadre de l’Indice d’accessibilité réelle, nous pouvons conclure qu’à l’heure actuelle, cette génération arrive à peine à s’offrir la tartine, et encore moins l’avocat. 

Selon nous, le problème que cela pose est évident. Les jeunes devraient avoir un accès équitable aux possibilités d’éducation et aux programmes de perfectionnement, à un salaire minimum plus élevé et à des options de logement abordables, mais ce n’est pas le cas. En outre, l’accessibilité financière pour les jeunes devrait non seulement prendre en compte le strict minimum nécessaire pour survivre, mais aussi considérer d’autres éléments nécessaires à leur épanouissement. C’est la raison pour laquelle nous avons créé l’Indice d’accessibilité réelle, afin de pouvoir réellement examiner ce qu’il en coûte de vivre, de travailler et de se divertir dans les villes canadiennes. 

Les données de l’indice ont été collectées et examinées par le biais de mesures visant à représenter la diversité des jeunes vivant dans nos villes. Les filtres utilisés pour examiner les données sont le genre, la carrière, le travail à temps plein ou à temps partiel, la cohorte d’âge et les variations de salaire. En partenariat avec Objectif avenir RBC, l’Indice d’accessibilité réelle montre que le manque d’accessibilité des jeunes dans les villes canadiennes aura des répercussions dans tout le pays.

revenu pour les jeunes - coût pour les jeunes = excédent/déficit par mois

« L’incapacité des jeunes à se permettre de vivre en milieu urbain peut avoir de nombreux effets négatifs cumulatifs, notamment des problèmes de santé mentale accrus, car ils craignent de passer à côté de leur vie et de ne pas atteindre leurs objectifs et leurs ambitions », indique Mark Beckles, vice-président, Innovation et impact social, RBC.

Les effets de la pandémie sur la santé mentale des jeunes sont nombreux. L’isolement social a fait que les jeunes se sont sentis seuls à un moment de leur vie où rencontrer de nouvelles personnes et vivre des expériences essentielles sont censés façonner qui vous êtes et vous donner une idée de ce que vous voulez faire de votre vie. Les conclusions qui font état d’un manque d’accessibilité financière suggèrent que la tendance à l’exclusion ne fera que se poursuivre pour les jeunes, car ils n’ont pas les moyens de participer au type d’activités auxquelles les générations précédentes de jeunes avaient accès. 

« Tamarack a eu l’occasion de travailler en étroite collaboration avec Youthful Cities par le biais de l’initiative Communities Building Youth Futures. CBYF est un réseau de 20 initiatives collaboratives menées par des jeunes, qui s’engagent à repenser la manière dont nous aidons les jeunes à s’épanouir. L’Indice d’accessibilité réelle est un outil essentiel pour les jeunes, les organismes au service des jeunes, les décideurs et nous tous pour comprendre comment créer des conditions favorables à la réussite des jeunes », a déclaré Danya Pastuszek, codirectrice générale de Tamarack et directrice de Vibrant Communities. « Le manque d’accessibilité financière des jeunes dans les villes canadiennes souligne l’importance de créer des solutions à l’échelle du système pour donner de meilleures chances aux jeunes. J’aime l’Indice d’accessibilité réelle, car c’est un exemple puissant d’une nouvelle méthode de collecte et d’utilisation des données – une méthode qui place les jeunes au centre de cette collecte et de cette prise de conscience. »

« Pourquoi le simple fait d’exister est-il si cher? » est une question qui revient souvent dans les esprits des jeunes qui vivent au sein des villes canadiennes. Cette question suscitant de plus en plus d’anxiété financière dans leur vie quotidienne, il est possible que les jeunes Canadiens quittent les centres-villes ou même le Canada, ce qui pourrait entraîner une fuite des talents, diminuer le dynamisme des villes, limiter les options proposées aux jeunes et, par conséquent, réduire leur sentiment d’appartenance. 

Le Canada freine la croissance de la prochaine génération, ce qui, en conséquence, freinera la croissance du Canada. 

Que pouvons-nous faire en tant que nation pour mieux soutenir la génération future à la lumière de cette crise actuelle?

Les résultats de l’indice mettent en évidence les principales tendances qui affectent l’accessibilité financière des jeunes dans les villes canadiennes.

Tendances principales

  • Les salaires et les rémunérations ne suivent pas le rythme du coût de la vie dans les villes.
  • Même les jeunes qui travaillent à temps plein ne sont pas assurés d’avoir les moyens de vivre dans leur ville de résidence
  • De nombreux jeunes effectuent des travaux essentiels dans le secteur des services et continuent de percevoir de faibles salaires.
  • Après des décennies d’efforts pour créer l’équité entre les sexes, les jeunes hommes continuent de gagner plus que les jeunes femmes dans chaque ville canadienne examinée
  • Dans toutes les villes, le salaire minimum n’est pas un salaire décent – les écarts vont de 2 à 10 $
  • Au niveau régional, la région de l’Est est la moins abordable dans l’ensemble, principalement en raison de la réduction des salaires sur la côte Est, tandis que l’Alberta et le Québec offrent davantage de possibilités d’économiser de l’argent
  • Lethbridge est la ville la plus abordable, mais présente également l’un des plus grands écarts d’accessibilité entre les sexes
  • Les emplois à temps plein sont le ticket d’entrée des jeunes pour l’accessibilité financière, mais ce n’est pas une garantie – 2/3 des villes restent inabordables même lorsque les jeunes travaillent à temps plein

Données

Revenu et coût de la vie

  • Les jeunes ont besoin de tarifs abordables pour les dépenses qui comptent le plus pour eux, comme le logement et l’éducation. Pourtant, la fourchette de loyer pour un appartement avec une chambre à Lethbridge est bien inférieure à 1 000 $, et atteint en moyenne près de 2 000 $ à Toronto. 
  • L’écart du coût de la vie est de 46 % entre Yellowknife et Québec. 
  • Actuellement et dans toutes les villes, les jeunes ne disposent pas d’un revenu qui leur permette de dégager un excédent mensuel leur permettant de vivre dans les zones métropolitaines et de contribuer aux communautés.
  • Le revenu dans les villes examinées présente une disparité de 30 % entre le revenu le plus élevé, Yellowknife, et le plus faible, Halifax.

Revenu par âge

  • La tranche d’âge comprise entre 25 et 29 ans présente un certain excédent de revenus mensuels qui intervient à un moment charnière.
  • Pendant cette période, les jeunes peuvent envisager d’acheter une maison ou de fonder une famille, mais les chiffres n’indiquent pas encore qu’ils sont à l’aise financièrement pour y parvenir

Travail à temps plein et à temps partiel

  • Pour les quelques villes où les jeunes peuvent retirer un excédent de revenu de leur travail à temps plein, les chiffres ne sont pas assez élevés pour répondre aux attentes de la société qui souhaite que les jeunes épargnent pour acheter une maison dans la ville où ils vivent. 
  • Dans chaque ville, les jeunes travaillant à temps partiel accusent un déficit d’au moins -1 300,00 $, et ce déficit est quasiment doublé dans de nombreuses villes.

Sexe

  • À Yellowknife et à Lethbridge, les hommes gagnent environ 20 % de plus que les femmes. 
  • Même lorsque les hommes connaissent un déficit d’accessibilité financière, les femmes connaissent un déficit plus important. 
  • La différence de revenus entre les hommes et les femmes contribue à la disparité de l’accessibilité financière en fonction du sexe.
  • Le coût de la vie contribue également à cette disparité, car les femmes continuent de payer les produits plus cher que les hommes (bonjour la taxe rose).

Type de profession

  • Les jeunes devraient avoir la dignité de travailler à des postes essentiels tout en gagnant suffisamment pour se permettre de vivre dans la ville de leur choix. 
  • L’égalité d’accès aux possibilités de perfectionnement et de formation, associée à une augmentation du salaire minimum, pourrait contribuer à retenir les jeunes talents dans les villes canadiennes. 
  • Les villes qui ont des revenus plus élevés ont un pourcentage plus faible de jeunes travaillant dans le secteur de la vente et un pourcentage plus élevé travaillant dans des métiers.

Salaire minimum et décent

Les jeunes qui occupent des emplois au salaire minimum ne peuvent atteindre un excédent de capacité financière, qu’ils travaillent à temps plein ou à temps partiel

Le salaire minimum dans tout le pays ne représente pas un salaire décent

Conclusion

« Il y a beaucoup de choses à prendre en compte quand on pense au coût de la vie », indique un jeune membre de Pivot basé à Toronto. « Il faut penser au loyer, au coût de l’alimentation, au coût des transports en commun, ou si vous avez une voiture, au coût de celle-ci. Les taux d’assurance sont élevés. Les coûts des transports en commun augmentent chaque année. Le coût de la vie augmente chaque année, mais les revenus n’augmentent pas proportionnellement. » L’Indice d’accessibilité réelle tient compte de ce qu’il en coûte réellement aux jeunes pour vivre dans les villes du Canada et brosse un tableau de ce qui se passe lorsque le revenu n’augmente pas proportionnellement au coût de la vie. L’impossibilité pour les jeunes de survivre et de s’épanouir dans les villes canadiennes aura des répercussions sur l’ensemble du pays. Nous devons agir maintenant pour soutenir systématiquement les jeunes. Ils sont l’avenir des villes.

 

Que pouvons-nous faire?

L’objectif est de se rapprocher de l’accessibilité financière pour les jeunes au cours des 3 prochaines années, compte tenu d’une inflation de 6,7 % :

  • Atteindre 66 % d’emplois à temps plein pour les 15 à 24 ans (actuellement 49 % contre 86 % pour les plus de 25 ans)
  • Augmenter le salaire minimum de 5 $ dans chaque province et territoire.
  • Réduire les coûts : éducation de 15 %; transports en commun de 25 %; logements locatifs de 20 %

Application Web

Pour en savoir plus sur ce que signifie l’accessibilité financière pour vous, vous pouvez consulter notre application Web personnalisable. L’application Web vous donnera un aperçu d’où se situe votre ville par rapport aux autres en matière d’accessibilité financière, afin de vous permettre de mieux comprendre les moyennes d’accessibilité financière à l’échelle de la ville en fonction de votre situation particulière.

THE GRID

Explorez et téléchargez l’ensemble de données brutes sur le portail de données ouvertes de Youthful Cities, THE GRID, qui vient d’être relancé.

Que diriez-vous aux personnes au pouvoir au sujet de l’accessibilité financière pour les jeunes Canadiens?








    En envoyant ce message, vous acceptez que Youthful Cities partage anonymement votre réponse, y compris, mais sans s’y limiter, sur les réseaux sociaux et son portail de données ouvertes.

    Méthodologie

    L’Indice d’accessibilité réelle (IAR) donne un aperçu de l’argent que les jeunes Canadiens peuvent gagner en un mois dans 27 villes canadiennes en tenant compte des dépenses et des revenus mensuels. Pour que l’équipe de Youthful Cities puisse mener à bien cette tâche, deux facteurs clés ont été pris en compte pour répondre à cette question : les coûts et le revenu. Une fois les coûts et le revenu calculés, nous pouvons créer un classement général de 27 villes qui illustre quelle ville offre les meilleures conditions pour que les jeunes puissent vivre, travailler et se divertir à un prix abordable.

    Revenu moyen par ville - Coût d'un panier de biens/services pour les jeunes par ville * % de jeunes qui achètent chaque article * Quantité achetée de chaque article = Excédent/déficit en $ par mois dans chaque ville

    En utilisant les données de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada, nous avons pu calculer le revenu moyen des personnes âgées de 15 à 29 ans, analyser ces revenus par région métropolitaine de recensement et appliquer un taux d’imposition provincial et fédéral moyen sur le revenu pour fournir une estimation du revenu que les jeunes gagnent en un mois. Comme Statistique Canada fournit un salaire horaire dans l’EPA, nous avons pris le nombre moyen d’heures de travail que les jeunes ont déclaré et nous avons, tout au long de ce rapport, utilisé ces chiffres pour comparer le revenu des travailleurs à temps plein à celui des travailleurs à temps partiel.

    •           Heures globales, comprenant les jeunes qui travaillent à temps plein et à temps partiel : 31,95 heures par semaine
    •           Heures à temps plein : 39,87 heures par semaine
    •           Heures à temps partiel : 16,85 heures par semaine
    •           Les seuls graphiques qui ne fonctionnent pas avec le nombre d’heures par semaine de l’EPA sont le graphique du salaire décent et le graphique de comparaison du revenu par âge, qui utilisent la norme de 37,5 heures par semaine.
    •           Hypothèses supplémentaires : chaque mois compte 4,35 semaines de travail

    En ce qui concerne le calcul des coûts, nous avons d’abord dû définir les éléments de coût que nous voulions et pouvions mesurer. En utilisant l’indice des prix à la consommation comme guide de référence, nous avons choisi d’inclure certains des coûts qui s’appliquent à n’importe quel individu, mais aussi d’inclure d’autres facteurs de coûts qui sont importants pour les jeunes (p. ex. les événements, les services d’abonnement, les achats technologiques, etc.). Le graphique ci-dessous décrit certaines des catégories et mesures générales que nous avons utilisées. Pour une liste complète et détaillée de toutes les mesures collectées, veuillez consulter la liste des codes de l’IAR en cliquant ici : LISTE DES CODES DE L’IAR

    L’étape suivante consiste à déterminer à quelle fréquence, calculée sur une base mensuelle, les jeunes achètent chaque article de cette liste. Pour calculer ce chiffre, nous avons utilisé les réponses à l’enquête pour connaître la quantité moyenne achetée par les jeunes de tous les articles pertinents.

    Lorsque nous rassemblons toutes ces informations, nous sommes en mesure de calculer un montant mensuel moyen d’excédent/déficit en dollars par ville.

    Vivre: Alimentation, Hygiène, Vêtements, Maquillage, Soins personnels, Logement. Se déplacer: Assurance automobile, Transport en commun, Uber/partage de véhicule. Travailler: Éducation, Achats technologiques, Internet, Abonnement téléphonique. Se divertir: Salle de sport, Spectacles, Événements, Substances à usage récréatif, Abonnement
    % de jeunes qui achètent chaque article: Pourcentage quantitatif de chaque indicateur obtenu par le biais d'une enquête auprès des jeunes (p. ex. enquête Pivot 2020 N=3 045, enquête IAR auprès des jeunes N=204). Quantité achetée de chaque article: La quantité est définie comme la quantité moyenne achetée de chaque article par les jeunes, ramenée à un chiffre mensuel.